Faire reconnaître le traumatisme psychique, aider les personnes qui en sont victimes et former les professionnels de santé à sa compréhension et à sa prise en charge. Association à but non lucratif, sans appartenance philosophique, politique ou religieuse.
Un peu difficile de classer ce document : témoignage ou conseils, prenez le temps de le lire. Il pourra peut-être apporter des réponses à des questions que vous vous posez ou que vos proches se posent.
Bonjour,
Un jour il vous est arrivé quelque chose de terrible, ou quelque chose que peut-être vous avez oublié parce que finalement sur le coup, ça ne vous a pas semblé insurmontable.
Et puis voilà, plus tard, vous en êtes là sans savoir pourquoi il vous arrive dans la tête des pensées que vous ne contrôlez plus, et vous avez l’impression de devenir folle (ou fou)...
Parce que ce qui vous est arrivé, peut-être ne vous lâche pas, ça revient toujours vers vous comme un flash et ça fait très mal. C’est comme un disque rayé, et « ça vous agresse » n’importe quand : de jour quand vous êtes tranquillement occupée (é) à quelque chose, ou la nuit avec ces cauchemars horribles et incessants où « ça » revient à chaque fois : le fracas, la violence, la terreur !
Et il y a des choses que vous ne POUVEZ plus faire, des endroits où vous ne POUVEZ plus aller sans être terrorisée (é), sans faire de crises d’angoisse, à cause d’un bruit, d’une couleur, d’un escalier, d’une atmosphère, de la voiture, d’une route... Et votre famille ou les gens pensent que vous êtes nulle (nul).
Et tous vos sens sont en éveil tout le temps. Vous sursautez tout le temps et pour pas grand chose : une porte qui claque, un jouet qui tombe, quelqu’un qui est devant vous et que vous n’aviez pas vu. Tous les sons sont trop insupportables, et c’est le moindre courant d’air, ou la plus faible odeur qui semble vous agresser et tout le monde se moque de vous ... Tout le monde dit de vous que « vous n’êtes plus pareille (l) ».
Et c’est bizarre , il y a des choses que vous ne SAVEZ plus faire, des choses pourtant simples comme lire un mode d’emploi, vous ne comprenez plus le sens des phrases.
Et vous oubliez peut-être tout, tout le temps. Ca agace tout le monde et personne ne vous reconnaît plus. Vous entendez peut-être sans arrêt : « Mais tu peux pas faire attention ??? »
Impossible de vous concentrer , de prendre des décisions. Au travail c’est la galère et on commence à vous faire des reproches. Parce que peut-être ils ne savent pas ce qui vous est arrivé, ou parce que finalement c’est déjà oublié...
Pour corser le tout, la nuit, c’est parfois pas simple de trouver le sommeil et de passer une bonne nuit sans cauchemars, ou sans rêves où vous êtes toujours en train d’échouer dans ce que vous faites.
« ON » (votre mari / épouse, enfants, amis) vous reproche de ne pas répondre aux questions, d’être dans la lune, d’être carrément dans votre monde à part, de devenir indifférente à tout et à surtout à eux. Vous-mêmes vous vous demandez pourquoi, parce que bien sûr que vous les aimez ! Mais peut-être que parfois vous avez l’impression d’être sur une autre planète et de vous faire un film en étant quelqu’un d’autre. Et votre silence prolongé devient inquiétant pour votre entourage.
Et peut-être que vous mangez très peu et pourtant vous avez faim, mais rien à faire ça ne passe pas. Ou alors, c’est la catastrophe pour la ligne : vous vous goinfrez à en être malade et à tout revomir.
En plus vous avez peut-être mal au ventre, au dos, dans la poitrine, dans tous les muscles. Et vous ne digérez pas bien, tout va de travers de ce côté-là. Et peut-être encore des migraines qui arrivent dés que « quelque chose » se passe.
Et vous êtes peut-être agressive (if), irascible, sans patience. Vous pleurez pour un rien, vous criez pour un rien ; « ils » font tout pour vous enquiquiner, le monde entier est ligué contre vous, tout le monde vous en veut. Et peut-être que vous êtes en colère contre tout le monde, contre votre Dieu, contre vous-même aussi.
Peut-être même aussi que parfois vous avez l’impression que vous allez pousser quelqu’un devant vous, ou le blesser quand vous tenez un couteau de cuisine, vous jeter par la fenêtre, ou tamponner une auto qui vient en face, ou comme ça sans raison précise. Mais heureusement à chaque fois vous ne le faites pas. Mais ça vous fait mal, et vous vous demandez si un jour vous n’allez peut-être pas penser à vous suicider.
Peut-être qu’une chose très bizarre vous est arrivée : Avoir l’impression d’avoir quitté votre corps et vous balader dans les airs, de rentrer dans des objets, devenir très grande (d) ou minuscule. Et vous avez eu tellement peur de ne plus pouvoir « revenir ».
Et vous déprimez, vous pleurez, vous en avez ras le bol de tout, et vous avez peut-être en permanence une grosse boule de stress dans le ventre.
Peut-être aussi que l’alcool ou des médicaments ou des drogues vous aident maintenant à « faire passer tout ça »...
Parce que vous pensez peut-être que la Vie c’est sans importance, et que vous êtes seule (seul), toute seule (seul), que personne ne peut comprendre ce qui vous est arrivé et surtout ce que vous vivez maintenant.
Mais non, vous n’êtes pas seule (seul).
D’autres personnes qui ont eu un jour à vivre quelque chose de terrible sont devenus comme vous et ils ont guéri de ce qui est appelé « Etat de stress post-traumatique ».
Lorsqu’il vous est arrivé ce « quelque chose », ce qui s’est passé dans votre corps, physiquement, vous le savez et peut-être en souffrez-vous encore
Mais que savez-vous de ce qui s’est passé dans votre cerveau, et qui est responsable de toutes vos souffrances psychiques ?
Le cerveau est un « ordinateur », le plus merveilleux qui soit, avec des « mémoires, des circuits et des onduleurs qui protègent des surtensions électriques » ( pour faire simple !).
Pour certaines personnes, quand il y a un événement terrible, tout va bien fonctionner, et après la grosse peur, tout va rentrer dans l’ordre.
Pour d’autres personnes, un événement plus ou moins catastrophique va tout faire « disjoncter » : il va y avoir un gigantesque bug : les connections ne vont pas résister aux hormones qui vont augmenter brutalement et tout cela en majeure partie dans un endroit du cerveau qui s’appelle l’hippocampe.
L’hippocampe c’est la partie du cerveau qui régule la mémoire, toute notre perception du lieu où on se trouve, un peu du sommeil et des émotions.
Donc s’il est « abîmé », il ne va plus fonctionner correctement et va vous occasionner les troubles psychiques évoqués plus avant.
Que va-t-il se passer maintenant pour redevenir « normale (l) » ?
Il faut voir un psychiatre compétent en psychotraumatisme (c’est un domaine bien particulier).
Il ne faut pas avoir peur, même si le mot PSY vous fait penser à la camisole de force ...Vous n’êtes pas folle (fou) et il ne faut pas penser que les psychiatres ne soignent que les déments !!
Si vous n’avez pas d’adresse, téléphonez aux Services d’Urgences, aux services de psychiatrie ou aux psychiatres libéraux dont vous dépendez et demandez-leur de vous donner les coordonnées de consultations spécialisées en psychotraumatisme.
Une fois avec votre psychiatre, ayez confiance !
Ça ne sera pas simple de reparler de ce qui vous est arrivé... Mais il a l’habitude et n’ayez pas honte. Il va vous aider à mettre en mots ce que vous ne POUVEZ pas dire, « l’innommable ».
Il deviendra votre allié, tout au long de cette bataille psychique avec vous même et avec « cette chose terrible » qui vous est arrivée.
Il vous demandera de faire des « exercices » comme écrire, dessiner ou d’autres choses relatives à votre « trauma ».
L’état de stress post-traumatique c’est LA MALADIE DU SILENCE et PARLER PEUT VOUS DELIVRER !!!
Mais c’est un vrai travail sur soi et ce n’est pas facile. Au bout du compte, cependant, c’est une grande satisfaction d’y arriver, d’avoir une relation de confiance avec soi-même et un bonheur intense de pouvoir goûter à nouveau à des choses aussi simples que prendre sa voiture ou cueillir des fleurs !
Et n’ayez pas peur de prendre les médicaments qui vous seront prescrits et n’en ayez surtout pas honte non plus : le cerveau est une partie du corps comme une autre et les molécules des médicaments vont tout doucement en restaurer les parties endommagées. Les médicaments ont parfois des effets secondaires mais ... au bout d’un certain temps les effets bénéfiques se font sentir et vous vous sentirez réellement aidée (é).
Armez-vous de courage et de patience car cela risque d’être long !!!
Il faut aussi parler de tout cela avec votre famille pour qu’ils soient totalement au courant de ce qui se passe dans votre tête.
Pour qu’ils sachent que vous les aimez et que vous avez besoin crucialement de leur amour et de leur aide.
Ne culpabilisez pas, c’est vrai qu’ils souffrent peut-être de ce qui vous arrive, et que ce n’est pas facile pour eux MAIS CE N’EST PAS VOTRE FAUTE.
Votre psychiatre demandera certainement à rencontrer vos proches pour leur expliquer votre maladie, et pour leur demander aussi si eux aussi n’ont pas besoin d’un soutien psychologique.
Voilà , maintenant, à vous de prendre la route vers la guérison, vers le mieux-être.
Elle est longue et semée d’embûches.
Soyez particulièrement vigilante (vigilant) : ne prenez pas de décisions importantes sans réflexion approfondie, sans prendre votre temps, sans en parler à quelqu’un qui sera compétent en la matière et en qui surtout vous avez toute confiance.
Attention !!!! vous êtes la proie idéale pour une secte, pensez-y et faites bien gaffe !!!
MAIS VOUS N‘ÊTES PAS SEULE (SEUL) !
Une patiente guérie.
Dernière mise à jour le samedi 18 août 2007