Traumapsy
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Faire reconnaître le traumatisme psychique, aider les personnes qui en sont victimes et former les professionnels de santé à sa compréhension et à sa prise en charge. Association à but non lucratif, sans appartenance philosophique, politique ou religieuse.

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Gâchis....


Je m’appelle P. je suis professeur de philo et j’ai 49 ans.

Si j’avais lu le témoignage de la patiente guérie plus tôt, je n’aurais pas eu la sensation d’être toute seule dans mon coin depuis toutes ces années, j’aurais pensé que j’étais normale, que je n’étais pas un cas à part.

Ma vie n’a pas été simple : une éducation stricte et catho où « Jésus me voyait partout et me punissait à chaque petit malheur d’enfant » et un manque de confiance de ma mère expliqué certainement par la mort de ma sœur à 15 jours.

A 10 ans, je suis poussée contre un jeune mort lors d’une veillée mortuaire.

A 19 ans une première expérience sexuelle désastreuse (que l’on appellerait maintenant un viol), suivie d’anorexie et de boulimie jusqu’à l’an passé.

A 23 ans, témoin de la mort en moto d’une amie dont j’étais très proche, et très choquée de la voir presque décapitée par son casque, et de la mouche bleue qui sortait de sa plaie lors de la veillée.

Je me suis mariée, j’ai des enfants. Toutes ces années, je les ai vécues (et je vis encore) sous anti-dépresseurs, anxiolytiques, somnifères à cause des crises de panique, des phobies, de ma peur de sortir, de ma spasmophilie, de mes malaises en réunions, des insomnies et de toutes ces choses qu’on ne sait pas dire.

Si j’avais eu de la drogue à ma portée, c’est certain que je serais devenue droguée, je ne suis devenue ni alcoolique, ni tabagique à cause de mon trouble obsessionnel d’apparence : l’alcool fait grossir, le tabac boursoufle la peau...

Les années passant, je n’ai plus été capable de travailler à temps plein, puis à mi-temps.

Je suis en arrêt complet, je ne peux plus aller au lycée : j’en ai la phobie. Il m’arrive de pleurer des après-midi entières. Et j’ai aussi des douleurs d’origine psychosomatique, d’énormes difficultés de concentration : je ne peux plus lire ni même regarder un film : mon esprit « s’évade » et je ne comprends plus rien.

Pourtant, j’ai vu un psychiatre une fois par semaine pendant longtemps. Il ne me parlait pas, j’étais assise à côté de lui, je ne pouvais pas le regarder. De temps en temps, il faisait « hummmm ». J’ai fini par arrêter de le voir.

A la dernière séance, je lui parlé de stress post-traumatique. Il m’a dit que c’était un sujet très compliqué parce qu’on avait tous des problèmes et de lire le livre d’un psy connu sur la résistance des gens aux traumatismes.

Maintenant je sais que je devrais aller voir un psy spécialisé en traumatismes psychiques mais il va falloir recommencer à parler de tout, de ces choses qu’on ne sait pas dire. Je n’ai plus envie de mettre des mots sur mes malheurs. Un jour peut-être...

Dernière mise à jour le vendredi 17 août 2007